
Hello,
Comment allez-vous ?
La dernière fois que j’ai envoyé cette newsletter, j’étais dans les transports, valise à la main et je m’apprêtais à couper du travail et des réseaux sociaux pour une semaine de vacances… et c’était génial.
Aujourd’hui je vous écris depuis mon bureau à Paris et même si j’étais (très) bien au bord de la piscine, je suis très heureuse d’être rentrée car les prochaines semaines s’annoncent hyper excitantes pour Génération XX !
Allez, je me lance et je vous le dis : ça y est, on a (enfin !!) une date pour la sortie du hors-série papier Génération XX sur lequel je travaille depuis plusieurs mois avec de supers collaboratrices et c’est le… 01/10/20 !!!!
C’est un projet entamé au début de l’année 2020 (époque pré-coronavirus) et vous ne pouvez pas imaginer l’excitation (et le petit stress je ne vais pas vous mentir) que c’est de le partager avec vous très bientôt. Je prépare une newsletter dédiée pour vous parler du contenu de ce hors-série papier, du pourquoi, du comment etc. mais il fallait que je partage l’info de la date de sortie dès maintenant :-)
(Et vous vous souvenez quand je vous parlais d’épiphanie dans la dernière newsletter ? Vous allez tout comprendre avec ce hors-série ! Ahhhh j’ai super hâte !)
En attendant de vous en dire plus, je vous propose de prolonger un peu l’été en lisant le texte qui a été sélectionné suite à notre appel à contributions (nous vous avions proposé d’écrire un texte sur le thème de “l’été”, façon dissert’ de rentrée). Comme nous sommes deux (Louise et moi) à écrire cette newsletter, nous avons décidé de choisir deux gagnantes. Bravo donc à Clémence et Maud pour leurs très jolis textes qui nous replongent en enfance. Le texte de Clémence est à lire à la fin de cette newsletter et celui de Maud sera publié dans la prochaine (comme ça on fait durer le plaisir de l’été) :-)
Voilà ce que j’avais à vous dire, je laisse Louise prendre le clavier pour vous parler du dernier épisode du podcast et partager avec vous les références citées par ma merveilleuse invitée Tara Dickman.
Bon week-end et à très très vite,
xx
Siham
Hey,
C’est Louise.
J’espère que vous allez bien.
Je vous retrouve pour les recos de l’épisode 91, une conversation passionnante entre Siham et Tara Dickman. C’est même un de mes épisodes préférés, un rayon de clarté dans la confusion et la tempête.
J’ai d’abord été frappée par son recul et son intelligence. Et puis emportée par ce récit. On écoute l’histoire d’une famille hors des sentiers battus, intello et spirituelle, la question de l’identité du point de vue naïf d’une enfant, la fierté des ados sur scène, les questions qui arrivent et l’envie d’apprendre pour y apporter des réponses, les études à New York, le retour en France. Tara parle aussi de violence et son témoignage encourage à s’accrocher à tout l’amour, la beauté et la gentillesse qu’on peut trouver autour de nous quand rien ne va plus.
Les références citées par Tara dans l’épisode :
L’association Bergers en scène, basée à Ivry sur Seine : une association qui a pour vocation de permettre l’épanouissement personnel, l’autonomie et la liberté d’expression de chaque enfant par la pratique du théâtre.
La lecture de l’autobiographie Un long chemin vers la liberté, dans laquelle Nelson Mandela raconte son enfance, sa carrière politique, sa lutte contre l’apartheid, ses années de prison, l’espoir et le triomphe ultime. Le texte a été adapté en 2013 dans le film de Justin Chadwick.
Jean-Michel Knutsen, le fondateur de l’association Organisez-vous dédiée à l’exploration des méthodes d’organisation citoyenne et à la formation au community organizing.
Hamma Meliani, auteur et metteur en scène franco-algérien. Également pédagogue, il a formé des animateurs et animatrices de quartiers et a développé l'insertion sociale des jeunes à travers un large éventail de pratiques artistiques. Vous pouvez suivre l’actualité de sa compagnie de théâtre ici.
Saul Alinsky, militant et sociologue américain (mort en 1972), considéré comme le fondateur du community organizing et précurseur des méthodes d’empowerment. L’objectif de ces méthodes : organiser les communautés défavorisées pour les inclure dans le processus démocratique et obtenir plus de justice sociale. Dans son ouvrage Rules for Radicals, il s'adresse à la génération de militants radicaux des années 1960, exposant les grandes lignes de ses conceptions sur l'organisation du pouvoir des masses. Dans le paragraphe d'introduction, il écrit : “Ce qui suit s'adresse à ceux qui veulent changer le monde tel qu'il est pour le monde tel qu'il devrait être selon eux.”
Daniel Sabbagh, politologue, directeur de recherche à Sciences Po et auteur d’ouvrages comme L'Egalité par le droit: les paradoxes de la discrimination positive aux Etats-Unis (Économica, 2003). Ses travaux portent sur le multiculturalisme, la discrimination, le droit américain et les théories de la justice et de l’égalité.
Patrick Simon, socio-démographe à l’INED (Institut National d’Etudes Démographiques), il travaille sur le sujet de l’immigration et les problématiques de discriminations ethniques en France. Il a notamment co-écrit Trajectoires et origines : enquête sur la diversité des populations en France.
Patrick Weil, historien, politologue et directeur de recherche au CNRS, spécialiste de l’histoire de l’immigration française et des questions de citoyenneté.
Kimberlé Crenshaw, juriste et professeure de droit américaine spécialisée dans les questions de race et de genre. Grande figure de la Critical Race Theory (courant de recherche militant focalisé sur les relations entre la race, la loi et le pouvoir), elle a théorisé le concept d’intersectionnalité.
L’article “Connect, then lead” publié dans le Harvard Business Review dans lequel Amy J.C. Cuddy, Matthew Kohut et John Neffinger partagent les résultats de leurs recherches quant aux qualités à avoir en tant que leader. Un webinar est également disponible juste ici.
“L’été” par Clémence T. :
La boule au ventre. On roule les fenêtres ouvertes. Je serre fort mon doudou que ma
mère a parfumé avec son savon. C’est le rituel quand on va être séparées. Elle sent
bon et elle sourit inconditionnellement, je me demande si c’est comme ça qu’on
choisit les mamans.
Rue des rosiers. Portail vert. On arrive, elle klaxonne. Mamie sort du sous-sol de la
maison suivie par deux têtes blondes. Papi arrive du jardin. Il est en méduses
transparentes. Chacun s’observe. Papi brise le silence « ça va la p’tiote ? », mamie
sent la cuisine. Combat entre la boule au ventre et l’envie d’aller jouer. Simon me
prend dans ses bras. Les fossettes qui ornent les joues de Benjamin se creusent fort.
C’est toujours la même histoire, ma mère part. Je pleure. Tout le monde s’affaire
pour que j’oublie son départ. Je me couche lourde de larmes. Rassasiée de ma
tristesse.
Le lendemain, 8h00, le tourbillon commence.
Céréales dans le canapé, Denver le dernier dinosaure, cabane sous les escaliers
avec des portes de saloon récupérées on ne sait où, piscine en botte de paille,
tyrolienne improvisée entre la balançoire et le hangar de mon grand-père, le tracteur
qui se transforme en attraction digne des plus belles fêtes foraines avec les anciens
sièges de la Golf, goûters improbables sous un parasol au milieu de la cour pour
faire « comme à la plage », overdose de Vache qui Rit, chips en pagaille, le
caméscope qui nous suit partout ma grand-mère avec, atelier cueillette de haricots
aux aurores, équeutage des dits haricots, journée repiquage de fraise, spectacle
maison par nos soins le 14 juillet, feux d’artifices dans la cour, cris de joie, exaltation
permanente, amour infini, code secret pour communiquer d’une chambre à l’autre
avec les lampes de chevet, cahier de vacances et dictées négociés contre des
minutes de sieste en moins, absence de vêtements la plupart du temps, maillot de
bain obligatoire, peaux dorées et brunies, rires éclatants, absence presque totale de
règles, téléfilms rituels, brossage de dent à la publicité, jeux télévisés inspirants pour
aventures futures, poignets cassés, bleus, égratignures, piqures de guêpes, boutons
de moustiques, brûlures d’orties, remèdes de mamie avec ses fleurs, caprices,
larmes de crocodiles, appels forcés avec les parents, promenades dans les bois,
escapades à la bibliothèque, poux, traitement anti-poux, papouilles le soir, chansons
créoles en voitures, départs aux aurores pour le sud… Boule au ventre à nouveau, la
fin de l’été approche.
Voilà. Tous les ans, la vague de bonheur déferle sur nous. Aujourd’hui reste l’écume
de nos souvenirs. Papi et Mamie nous ont offert ce qu’il y a de plus précieux au
monde : l’insouciance la plus totale. Le temps essaie de nous la ravir à chaque
tempête mais nous faisons face, nos joies l’emportent.
L’été va et vient. Comme nous. Comme nos rires. Comme nos peines.
« Rien de neuf sous l’soleil », parole de p’tiote.
La lecture de ce texte ne m'a pas laissé indifférente tant on ressent les émotions. Bravo.